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Adam va avoir seize ans : il boit, fume des joints, sèche les cours et est en train de réaliser qu’il est probablement homosexuel. Il a des pulsions de mort et ne sait pas vers qui se tourner pour en parler. Pas vers ses parents, piégés à 17 ans par une grossesse et un mariage arrivés bien trop tôt, et aujourd’hui trop occupés à se détester et à se séparer. Ni vers son meilleur ami, un homophobe agressif. Ni vers ses grands-parents, aveuglés par leur volonté de coller au système. Adam a tellement peur d’être rejeté qu’il ne prend même pas le risque d’en parler à son oncle Craig, lui-même homosexuel, qui est pourtant la seule personne avec qui il se sente vraiment bien, la seule qui l’a toujours accepté tel qu’il est, sans conditions. Et c’est l’impossibilité d’Adam à s’exprimer qui va le mener à la chute, inéluctablement...

A travers le parcours d’Adam et de chacun des membres de sa famille, c’est la question même de  l’identité qui est explorée, ainsi que celle de  l’acceptation. Acceptation de soi-même, de l’autre, de la différence…Chacun fait ce qu’il pense qu’il est censé faire, au lieu d’être lui-même. Et forcément, fait subir aux autres ce qu’il croit être juste. « C’est pour ton bien. Je fais ce qu’il y a de mieux pour toi, selon moi, même si ça doit te tuer ». Et ce, depuis la Création, depuis Dieu. Ces thèmes sont cristallisés autour de la question de l’homosexualité d’Adam et de Craig, mais cela aurait tout aussi bien pu être autre chose. La question, c’est la différence : on n’accepte pas la différence, mais on veut être accepté… or on est différent, alors on triche malgré soi sur son identité.

Comment assumer ses choix, son identité, dans un monde qui s’y oppose ? Un monde qui prétend nous aimer, mais qui en réalité nous rejette.

 

A cela s’ajoute la difficulté de communiquer. La Chute d’Adam dresse ainsi le portrait de solitudes qui aimeraient se rencontrer et s’aimer, mais qui n’y arrivent pas. Ce sont des tentatives d’amour qui se transforment en abus. Des gens prisonniers de vies qu’ils n’ont pas choisies et d’un système qui finit par les écraser.

 

Cette pièce est loin d’être seulement un drame. C’est une comédie dramatique, une comédie noire : le ton de la pièce est volontiers léger et drôle, l’humour, souvent ironique, revient tout le temps, et les personnages, comme tous les êtres humains, sont multiples : fragiles, dépressifs, rigoureux, agressifs, mais aussi comiques, tendres, charmeurs et attachants. L’auteur-metteur en scène Jordan Beswick a toujours privilégié l’humain dans son travail. Son écriture, profondément réaliste, s’attache à dépeindre avec une grande simplicité nos comportements si contradictoires. Ainsi les personnages ne sont pas des archétypes, mais de vraies personnes. Les dialogues sont très parlés, l’écriture est presque cinématographique, jusque dans sa structure. Il y a des flash-backs, des ellipses, des scènes simultanées, et si les ambiances varient d’une scène à l’autre, l’énergie est toujours présente et ne fige jamais l’histoire dans le pathos.

 

La Chute d’Adam est une comédie noire sur les erreurs humaines. Des erreurs aux proportions bibliques.

 J’en ai marre qu’on me dise qu’on m’aime alors qu’en vrai je me fais enculer. D’entendre que je suis libre. Ça me fout la rage, putain. J’en peux plus. C’est violent. 

 

Adam - Acte 1 scène 1 

Tu ramènes tout à ta sexualité. Homo ou hétéro, ça change rien pour eux, je t’assure. Si c’était pas ça, ce serait autre chose. Putain, je suis hétéro et moi non plus, je fais jamais rien comme il faut.

 

Rick - Acte 1 scène 1 

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